dimanche 18 septembre 2011

Histoire de l'oeil à la demeure du chaos, 16-17 septembre 2011


La troisième bordeline biennale – organisée au sein de la Demeure du Chaos – a consacré son cinquième et dernier week-end au thème "l'histoire de l'oeil", inspiré du texte de Georges Bataille écrit en 1928.
Un peu partout, des yeux et des oeufs... des corps, nus, ornés, tatoués.
Et du sexe, "histoire de l'oeil oblige".
Mais rien de "sale", même si Bataille écrivait dans Histoire de l'oeil: "je n'aimais pas ce qu'on nomme les plaisirs de la chair, en effet parce qu'ils sont fades. J'aimais ce que l'on tient pour sale."
Rien de sale, malgré les corps couverts parfois de sueur, de fluides, de terre et d'oeufs...
Rien de sale malgré la projection de films X autour de lectrices lisant les extraits de la Voie humide (Coralie Trinh Thi) correspondant au tournage des séquences projetées en arrière-plan.
Rien de sale, au contraire. Les performances montrent le sexe dans sa dimension humaine, relationnelle, dans ses rapports de force comme dans sa poésie.
Les textes, les voix, les musiques et les corps mis en scène claquent comme autant de critiques du sexe sale, c'est-à-dire du sexe convenu, celui qui s'impose à autrui, celui qui maintient l'autre dans la soumission, notamment lorsque cet autre est une femme. A la place des moments de poésie et d'érotisme, des scènes de colère et de dénonciation, d'humour et de dérision. Rien de ce qui fait le fond de commerce du sexe marchand.

L'histoire de l'oeil qui a été jouée à la Demeure du chaos est aussi une interrogation sur chacun des spectateurs: qu'est-on venu y voir? qu'attendait-on?
L'histoire de l'oeil peut alors se comprendre comme l'histoire du regard porté sur le sexe et ses représentations. Elle intègre, bien sûr, la question du regard que chacun porte sur le corps, sur le sexe, sur la vie.
A ce propos, une anecdote me paraît assez illustrative des réactions que les spectacles ont pu produire. Durant la pièce de Sploshgirl, une scène la montre se faisant ligoter par un homme coiffé d'une tête de loup. Pendant tout le temps que dure la scène, elle lit un texte issu de King Kong théorie. Placé au coin de la salle, j'ai regardé le public et les regards qu'il portait sur la performance. J'ai vu des regards amusés de plusieurs femmes alors que les hommes me paraissaient graves. Etait-ce le texte de Despentes? la résistance que l'artiste offrait à son kidnapeur-loup? Peu importe. Hommes et femmes ne semblaient pas réagir de la même manière devant ce corps nu, ligoté... Aucun regard grivois non plus... Le sexe sale était ailleurs...


"A quand l'émancipation masculine?"
(Virginie Despentes)
AJ: on ne joue pas Histoire de l'oeil sans casser des oeufs

Avant une lecture de La Voie humide

Satomi Zpira on stage

Jon John










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