mardi 1 juillet 2014

Les vrais hommes le foot et les larmes

Vahid pleure mais c'est un vrai homme
"Pleure pas, t'es pas une fille".
Tout le monde connait l'expression.
Le devenir homme passe par l'apprentissage de la maîtrise de ses émotions, notamment publiquement.
Le football renverse la donne.
Les footballeurs sont des hommes qui pleurent... et qui pleurent d'émotion, tout comme se sont des hommes douillets qui se jettent (voire se roulent) au sol en grimaçant quand on leur caresse la jambe, ce qui, soit dit en pensant, ne viendrait à l'idée d'aucune "vraie fille".

Un tweet a attiré mon attention ce matin. Il porte le hashtag #VahidOnTaime. Vahid est le prénom de l'entraîneur Halilhodzic de l'équipe de football d'Algérie dont les joueurs sont surnommés les Fennecs, en référence au renard du désert.
Ce qui m'a marqué, ce ne sont pas les pleurs de Vahid, mais le commentaire qui l'accompagne "C'est un vrai homme".

#VahidOnTaime, C'est un vrai homme

En voilà un commentaire.
Un qui va à l'encontre de toutes les idées reçues:
Les vrais hommes peuvent pleurer.
Certes, ce tweet est isolé, du moins dans sa formulation. Cependant, si l'on suit la balise #VahidOnTaime sur twitter, on ne peut que constater que les larmes de "Coach Vahid" sont largement commentées, dans le sens d'une valorisation de son engagement pour l'équipe et, au-delà, pour l'Algérie, tout comme le sont les larmes des joueurs de l'équipe (voir ci-dessous la série de captures d'écran).
Ces larmes, ces pleurs, attestent de l'émotion vécue par une élimination en raison de l'attachement à l'Algérie.
Ces pleurs, ces larmes de défaites sont analysés comme la marque de l'engagement pour la nation algérienne.
Ce sont des larmes de tristesse, mais des marques nationalistes, au sens où il existe un nationalisme sportif ("Nationalismes sportifs", Quasimodo, n° 3-4, 1997 où l'on peut lire notamment un article de Youssef Fatès, "Les marqueurs du nationalisme: les clubs sportifs musulmans dans l'Algérie coloniale").
Il y a huit ans, en 2006, un autre footballeur avait été considéré comme un vrai homme. Du moins cet argument faisait partie des commentaires visant à justifier son comportement. Ce footballeur jouait pour l'équipe de France une finale de coupe du monde. A l'époque, il frappa un adversaire d'un coup de tête avant d'être expulsé. Le vrai homme, c'était lui... " que voulez-vous, c'est un homme"...

Finalement, un vrai homme n'a pas vocation à être violent.
Un vrai homme est aussi celui qui pleure, quand il a tout fait... et qu'il a tout perdu.

Ci-dessous quelques illustrations:
D'abord la page d'accueil de Google quand on tape aujourd'hui 1er juillet 2014 Vahid Halilhodzic. La première actualité qui s'affiche est "Les larmes de Vahid Halilodzic". Sans doute ces larmes sont-elles aussi remarquées que "Coach Vahid" (comme il était appelé lorsqu'il entraînait le Paris-Saint-Germain ou Lille) est réputé être quelqu'un de dur, de sévère, d'intraitable dans son métier d'entraîneur. D'ailleurs, l'article du Parisien qui rapporte la vidéo des larmes de Vahid commence ainsi: "Coach Vahid a fendu l'armure"
Ce sont ses larmes qui font la une. Celles d'un homme dont on aurait pu oublier qu'il en était un tant il était rigoureux et tourné vers la réussite de son équipe.
les larmes de Vahid Halilhodzic

Ci-après, une série de captures d'écran sur twitter avec la balise #VahidOnTaime









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